23 avril 1989: Gerhard Berger prend feu! Le miracle d'Imola...
Il y a 30 ans, le 23 avril 1989, Gerhard Berger échappait miraculeusement à la mort, après un terrible crash lors du Grand Prix de Formule 1 de Saint-Marin.
- Publié le 23-04-2019 à 13h59
- Mis à jour le 23-04-2019 à 14h00
Il y a 30 ans, le 23 avril 1989, Gerhard Berger échappait miraculeusement à la mort, après un terrible crash lors du Grand Prix de Formule 1 de Saint-Marin.
L’éclatante mais soporifique victoire d’Ayrton Senna, au volant de sa McLaren, et le doublé de son écurie – Alain Prost se parant de l’habit du dauphin –, auraient été bien peu de choses si Gerhard Berger avait, comme on l’a craint un instant, succombé à son terrible crash qui émailla le début de ce Grand Prix de Saint-Marin, sur le circuit d’Imola. Miraculeusement, le pilote autrichien sorti indemne de sa Ferrari explosée.
Ce 23 avril 1989, l’heure de Berger n’était pas venue...
“Un miracle, c’est un miracle. Le ciel, Messieurs, le ciel...” lança aux journalistes Jean-Marie Balestre, le président de la Fisa, pour exprimer sa joie de l’heureux dénouement de ce terrible crash.
Car, quand les observateurs présents sur le circuit italien, virent la Ferrari tirer tout droit, en pleine charge, à l’entrée du quatrième tour, à l’amorce de la première difficulté du circuit, Berger filant de face vers les rails, sa voiture tournoyant et se désintégrant avant d’être envahie par les flammes, peu imaginait que l’Autrichien sortirait vivant de cet amas, de ces débris.
Un long moment, l’horreur traversa les esprits. Les images de l’Italien Ricardo Paletti, le dernier tué de la route de la F1, lors du Grand Prix du Canada, en mai 1982, un mois seulement après le décès accidentel de Gilles Villeneuve, à Zolder, lors d’une saison meurtrière, étaient encore dans toutes les mémoires. Il ne pouvait en être autrement : Gerhard Berger allait, lui aussi, au prix de sa vie, payer son tribut à la cause sportive...
Secours efficaces
Pourtant, le miracle d’Imola se produisit. Dans sa monoplace, secouru par les commissaires de course qui éteignirent bien vite le début d’incendie, l’Autrichien releva la tête.
“Il est conscient !” crièrent les officiels.
Un miracle, on vous dit.
“La direction et les freins ne répondaient plus. J’essayais de freiner mais il ne se passait rien. Mais le principal est de savoir que j’ai été bien protégé, que la sécurité a pleinement joué son rôle et que les commissaires sont intervenus à la vitesse de l’éclair. Je leur en serai éternellement reconnaissant”, commenta Berger, quelques heures après son effroyable sortie de route.
La vivacité des secours avait en effet épargné l’Autrichien : moins de quinze secondes après l’accident, les extincteurs étaient entrés en action et sauvèrent le pilote du brasier.
À Imola, la Fisa pouvait légitimement se montrer fière des aménagements en matière de sécurité. La capsule de survie, les vêtements ignifugés protégeant le pilote de dix à vingt secondes et la promptitude des secours : autant d’innovations qui, si elles ne réduisaient pas le nombre d’accidents, protégeaient davantage la vie.
Berger fut opéré de l’une de ses mains brûlées. Il souffrait également d’une fêlure de l’omoplate, d’une fracture de la première côte droite ainsi que d’autres brûlures dans le dos. Pourtant, à l’hôpital, l’Autrichien pensait déjà à son retour sur les circuits.
“En reprenant conscience, dans l’ambulance, je me suis dit : ‘Arrête immédiatement, comment peux-tu continuer comme ça ?’ Puis, sur mon lit d’hôpital, j’ai entendu au loin le rugissement des moteurs. Et j’ai compris clairement que je n’abandonnerais sûrement pas. Je n’avais aucune chance d’être au départ du Grand Prix de Monaco, mais j’espérais bien avoir recouvré tous mes moyens pour l’épreuve suivante”, avoue-t-il.
Cinq ans après, Senna
Après seulement un Grand Prix manqué, Gerhard Berger est en effet en mesure de retrouver son volant, à Mexico, avec un abandon au 28e tour, trahi par sa boîte de vitesse. Et pour concrétiser son retour au sommet, il remporte, à l’automne, le GP du Portugal, la cinquième victoire de sa carrière, avant d’annoncer son transfert chez McLaren-Honda, pour épauler le vice-champion du monde, Ayrton Senna.
Cinq ans plus tard, sur ce même circuit d’Imola, le Brésilien, devenu son ami, eut moins de chance que lui. Senna se tua, lors d’un dramatique Grand Prix de Saint-Marin 1994, fatal aussi à l’... Autrichien Roland Ratzenberger.
Depuis, la F1, en améliorant encore un peu plus la sécurité des bolides et de ses pilotes, a ralenti le rythme des morts au volant, même si, en octobre 2014 à Suzuka, Jules Bianchi, décédé dans sa Marussia, a cruellement rappelé que le sport automobile restait l'un des plus dangereux. Ce jour-là, la F1 a clos, on l’espère définitivement, la liste des héros morts au combat: 44 pilotes ont perdu la vie sur un circuit. Entre Ayrton et Jules, jamais le Championnat du Monde n’avait connu pareille période sans deuil...